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Question de M. Ian Brossat (Paris - CRCE-K) publiée le 06/06/2024

Question posée en séance publique le 05/06/2024

M. le président. La parole est à M. Ian Brossat, pour le groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste - Kanaky.

M. Ian Brossat. Monsieur le Premier ministre, les élections européennes auront lieu ce dimanche. Plus l'échéance approche, moins vous semblez serein ; plus l'échéance approche, plus vous semblez fébrile.

Il y a deux semaines, vous organisiez sur le service public un face-à-face sur mesure avec M. Bardella, contribuant ainsi à appauvrir le débat public et à construire un débat factice entre vous et l'extrême droite.

Ce lundi, vous avez fait le choix de débouler sur le plateau de France Info, où vous n'étiez pas invité, pour tenter maladroitement de sauver votre candidate de la noyade.

Ce jeudi, le Président de la République a fait le choix de monopoliser les journaux télévisés à vingt-quatre heures de la fin de la campagne électorale, ce qui vous a d'ailleurs valu une mise en garde de l'Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique).

Monsieur le Premier ministre, la réforme de l'audiovisuel public n'a pas encore été votée, mais il semble que le bon vieux temps de l'ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française) soit déjà revenu.

Ces événements éclairent d'une lumière crue vos intentions en la matière. A fortiori lorsque votre ministre de la culture vante les mérites de l'ORTF, c'est-à-dire d'un temps où les titres du journal télévisé étaient dictés par le ministère de la communication.

M. Roger Karoutchi. C'était le ministère de l'information !

M. Ian Brossat. A fortiori quand les arguments avancés depuis des semaines pour justifier cette réforme tombent les uns après les autres.

Monsieur le Premier ministre, ma question est simple. À quel naïf voulez-vous faire croire que votre réforme est autre chose qu'une tentative de reprise en main par le pouvoir de l'audiovisuel public français ? (Applaudissements sur les travées des groupes CRCE-K, SER et GEST.)


Réponse du Ministère de la culture publiée le 06/06/2024

Réponse apportée en séance publique le 05/06/2024

M. le président. La parole est à Mme la ministre de la culture.

Mme Rachida Dati, ministre de la culture. Monsieur le sénateur Brossat, je vais vous répondre sur l'irruption du Premier ministre sur un plateau de France Info, mais je veux d'abord évoquer la réforme de l'audiovisuel public.

Vous le savez très bien, la télévision et la radio publiques ne sont pas des chaînes comme les autres - c'est d'ailleurs un sujet dont nous avons déjà parlé ensemble. Nous sommes tous - vous, nous, les Français et les seize mille agents de ce secteur - très attachés à l'audiovisuel public. Mais, comme cela ne vous aura pas échappé, le paysage audiovisuel a changé depuis l'ORTF.

M. Thierry Cozic. Et alors ?

Mme Marie-Pierre de La Gontrie. Où sont Les Dossiers de l'écran ?

Mme Rachida Dati, ministre. Il y a désormais vingt-sept chaînes privées et des plateformes numériques ont surgi. Or ces plateformes et chaînes privées captent de plus en plus de téléspectateurs et de recettes publicitaires.

M. Vincent Éblé. Oui, et alors ?

Mme Rachida Dati, ministre. À quel défi faisons-nous face aujourd'hui ? Celui d'une concurrence de plus en plus vive et d'une révolution technologique que subit l'audiovisuel public, comme l'atteste tous les jours le vieillissement des audiences.

Partout en Europe, l'audiovisuel public a rassemblé ses forces. Nous devons le faire aujourd'hui en France. Je voudrais à ce titre remercier le président Lafon et les sénateurs Jean-Raymond Hugonet et Cédric Vial, pour leur travail approfondi sur cette réforme que nous portons et que nous souhaitons voir aboutir. (Exclamations amusées sur les travées du groupe Les Républicains.)

Il y a urgence à regrouper les forces de l'audiovisuel public, notamment pour les jeunes générations qui subissent de plus en plus la désinformation. (Et la réponse ? sur des travées du groupe Les Républicains.)

En ce qui concerne l'irruption du Premier ministre sur un plateau (Ah ! sur de nombreuses travées.) - pour reprendre vos termes - dans le cadre d'un débat sur les élections européennes, je vous renvoie aux explications de la présidente de Radio France, qui lui a proposé - j'allais dire qu'elle l'a contraint - de venir sur le plateau pour parler de ces élections. (Rires sur de nombreuses travées. - Sourires sur les bancs du Gouvernement.)

M. Roger Karoutchi. Alors là !

Mme Rachida Dati, ministre. Vous avez évidemment le loisir de lui demander des explications à ce titre. (Applaudissements sur des travées du groupe RDPI. - Brouhaha amusé.)

Plusieurs sénateurs du groupe GEST. Libérez le Premier ministre !

M. Hussein Bourgi. Il a été contraint... C'est ridicule !

M. Max Brisson. N'importe quoi !

M. le président. La parole est à M. Ian Brossat, pour la réplique.

M. Ian Brossat. Madame la ministre de la culture, je dois dire que je suis assez inquiet d'apprendre que le Premier ministre ait pu être victime à Radio France d'une forme de kidnapping dont nous n'aurions pas été au courant... (Hilarité générale. - Applaudissements sur diverses travées. - Sourires au banc du Gouvernement.)

Pour le reste, et sur le fond, il est un peu paradoxal d'expliquer que les temps sont très différents de ce que nous connaissions au moment de l'ORTF et de vouloir, dans le même temps, engager une réforme que ne fait qu'y revenir. (Applaudissements sur les travées des groupes CRCE-K, SER et GEST.)

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