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Question de Mme Lana Tetuanui (Polynésie française - UC-A) publiée le 06/06/2024

Question posée en séance publique le 05/06/2024

M. le président. La parole est à Mme Lana Tetuanui, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

Mme Lana Tetuanui. Monsieur le Premier ministre, en janvier dernier, l'Azerbaïdjan adoptait une résolution en faveur de l'indépendance de la Polynésie française, de la Corse et de la Nouvelle-Calédonie.

Au début du mois de mai, une délégation du congrès de Nouvelle-Calédonie et le secrétaire général du parti indépendantiste polynésien ont signé un mémorandum de coopération avec le régime de Bakou.

Pas plus tard que la semaine dernière, une importante délégation, composée notamment de représentants indépendantistes de notre assemblée territoriale, se rendait de nouveau à Bakou pour finaliser des accords de coopération sur la décolonisation de la Polynésie française. Les élus indépendantistes polynésiens se rapprochent de plus en plus du Parlement d'Azerbaïdjan, en toute impunité, leur cheval de bataille idéologique étant la lutte contre le colonialisme français. Et on laisse faire !

Alors que de nombreux travaux sont en cours au Parlement sur le spectre des ingérences étrangères, quelle est la position de la France face à ces alliances des partis indépendantistes de notre zone Pacifique ? Comment la France entend-elle garantir la stabilité et la sécurité de nos territoires face à ces ingérences étrangères ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur des travées du groupe Les Républicains. - MM. Thani Mohamed Soilihi, Rachid Temal et Hussein Bourgi applaudissent également.)


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l'attractivité, de la francophonie et des Français de l'étranger publiée le 06/06/2024

Réponse apportée en séance publique le 05/06/2024

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé du commerce extérieur, de l'attractivité, de la francophonie et des Français de l'étranger.

M. Franck Riester, ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l'attractivité, de la francophonie et des Français de l'étranger. Madame la sénatrice, l'Azerbaïdjan a fait le choix de provoquer une crise sans précédent dans ses relations bilatérales avec la France.

Bakou multiplie les actions de plus en plus agressives à l'égard de notre pays.

Il s'agit d'abord de manoeuvres informationnelles. Plus d'une trentaine depuis janvier 2023 ont été documentées par Viginum, le service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères. Elles sont inacceptables, et nous les dénonçons avec la plus grande fermeté.

Il s'agit ensuite du discours officiel tenu par un certain nombre de responsables de l'Azerbaïdjan, très hostiles à la France. Ce discours s'accompagne d'actions s'apparentant clairement à des ingérences. Vous en avez rappelé quelques-unes. Nous avons en particulier relevé avec préoccupation l'invitation par le Parlement d'Azerbaïdjan de certains responsables indépendantistes de Polynésie française le 30 mai dernier.

M. Rachid Temal. Et le gaz azéri ?

M. Franck Riester, ministre délégué. Nous pensons aussi à un certain nombre d'initiatives en direction des indépendantistes de Nouvelle-Calédonie.

Madame la sénatrice, nous continuerons de dénoncer ces pratiques, à agir plus largement aussi contre toutes les ingérences étrangères, pour bâtir une sorte de bouclier démocratique contre ces ingérences.

Je pense à cet égard aux ingérences russes il y a quelques semaines, à ces étoiles de David taguées dans Paris, mais aussi, peut-être, à ces mains rouges peintes sur le mémorial de la Shoah et, encore récemment, à ces cercueils déposés au pied de la tour Eiffel.

Je tiens à saluer le travail effectué par le Parlement pour aider le Gouvernement à bâtir ce bouclier de défense démocratique, grâce, notamment, à l'accord auquel est parvenue la commission mixte paritaire sur la proposition de loi du député Sacha Houlié, qui sera adoptée cette semaine.

Il n'est pas anodin que ce texte soit voté à quelques jours des élections européennes, car, comme l'a rappelé le Premier ministre, ce qui se joue dimanche, c'est notre capacité à nous défendre face aux ingérences étrangères. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à Mme Lana Tetuanui, pour la réplique.

Mme Lana Tetuanui. Merci de votre réponse, monsieur le ministre. Le sujet est tellement sensible ! Dois-je vous rappeler que, en Polynésie, plus de 75 % de la population tient à rester dans le giron de la République française ? Aussi, le silence de Paris nous interpelle ! (Applaudissements sur les travées des groupes UC, INDEP et Les Républicains.)

Monsieur le Premier ministre, nous attendons des actes forts de l'État pour prévenir toute manipulation étrangère dans nos territoires tant convoités et ne jamais vivre ce que nos voisins calédoniens subissent actuellement. (Bravo ! et vifs applaudissements sur les mêmes travées. - MM. Rachid Temal et Jean-Marc Vayssouze-Faure applaudissent également.)

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