Projet de loi Projet de loi de finances pour 2025

Direction de la Séance

N°II-779

28 novembre 2024

(1ère lecture)

SECONDE PARTIE

MISSION TRAVAIL, EMPLOI ET ADMINISTRATION DES MINISTÈRES SOCIAUX

(n° 143 , 144 , 147)


AMENDEMENT

C Demande de retrait
G  
En attente de recevabilité financière

présenté par

Mmes FÉRET et LUBIN


Article 42 (crédits de la mission)

(État B)

Consulter le texte de l'article ^

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(en euros)

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Accès et retour à l’emploi

47 110 000

 

47 110 000

 

Accompagnement des mutations économiques et développement de l’emploi

 

47 110 000

 

47 110 000

Amélioration de la qualité de l’emploi et des relations du travail

 

 

 

 

Soutien des ministères sociaux

dont titre 2

 

 

 

 

TOTAL

47 110 000

47 110 000

47 110 000

47 110 000

SOLDE

0

0

 

Objet

Cet amendement propose de conserver le contrat d’engagement jeune volet jeunes en rupture (CEJ-JR), qui sera totalement remplacé en fin d’année 2025 par l’appel à manifestation d'intérêt (AMI) sur l’offre de repérage et de remobilisation, issu de l’article 7 de la loi « plein emploi ». 

Le CEJ-JR désigne le volet jeunes en rupture du contrat d’engagement jeune (le CEJ). Le CEJ est un parcours de 12 mois maximum (voire 18 mois sous conditions) visant à favoriser l’accès à l’emploi et à la formation de jeunes âgés de 18 à 25 ans (jusqu’à 29 ans pour les jeunes en situation de handicap), ni en emploi ni en formation. Ce dispositif alliant accompagnement et allocation pouvant aller jusqu’à 528 euros mensuel prévoit chaque semaine la mise en œuvre de 15 heures minimum d’activités et un entretien avec un conseiller du service public pour l’emploi (France Travail ou mission locale). 

Le CEJ-JR, spécifiquement dédié aux public « jeunes en rupture », donc en grande vulnérabilité et précarité, permet aux jeunes d’être accompagnés et soutenus, notamment par des associations spécialisées en amont de la signature. Dans une logique de coopération, avec notamment les missions locales, mais également tous les acteurs du territoire, le référent CEJ-JR du projet accompagne le jeune dans la levée des freins sociaux pouvant compromettre son parcours CEJ et son insertion sociale et professionnelle durable. 

La recherche-action de la Fédération des acteurs de la solidarité en atteste : le CEJ-JR s’est révélé être une opportunité inédite pour le développement des coopérations territoriales en faveur de l’insertion des jeunes. Le rapprochement des acteurs de terrain a notamment contribué à lier et à enrichir leur capacité d’accompagnement. Cette coopération et cet enrichissement de pratiques d’accompagnement ont alors permis aux professionnel.les de se recentrer sur leur cœur de métier : l’accompagnement social global reposant sur le respect de l’adhésion du jeune, sa temporalité, ses besoins et ses aspirations. Ce sont ces conditions qui font la réussite de ce dispositif et qui permettront à ces jeunes de s’insérer durablement dans un parcours professionnel réussi, choisi et durable.

 Dès lors, il est donc absolument majeur que ce dispositif perdure. En effet, le CEJ-JR apparait comme une réponse pertinente face aux besoins de captation, de mobilisation et d’accompagnement renforcé des jeunes en rupture, cumulant des freins importants à l’accès à l’emploi. Ce dispositif devra néanmoins être enrichi de plusieurs modifications relatives à son pilotage stratégique et opérationnel, et comprendre des volets hébergement, remobilisation et santé mentale renforcés. 

Cette pérennisation du dispositif CEJ-JR est d’autant plus cruciale qu’il est menacé de disparition par les Appels à manifestation d’intérêt, issus de l’article 7 sur l’offre de repérage et de remobilisation de la loi « plein emploi ». En effet, ces appels à projet ont vocation à prendre le relais des « Plans d’Investissement dans les Compétences 100% inclusion et intégration professionnelle des réfugiés » et des projets « Contrat d’engagement jeune, volet jeunes en rupture ». Les conditions de cet Appel à manifestation d’intérêt impactent les modalités d’accompagnement des jeunes en grandes difficultés et fragilisent la pérennité des moyens. La stabilité de l’accompagnement est l’une des clefs de la réussite de l’insertion des jeunes. Ces changements risquent d’entrainer la rupture de l’adhésion de jeunes aujourd’hui accompagnés et de compromettre le travail réalisé par les acteurs de terrain. 

Afin de gager l’augmentation du budget du nouveau programme 102 « Accès et retour à l'emploi » dans le respect des règles prévues par la loi organique relative aux lois de finances, il est proposé de prélever ces 47 110 000 d’euros au programme 103 « Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi » via son action n° 03 « Anticipation et accompagnement des conséquences des mutations économiques sur l'emploi » et ce au profit de l’action n° 04 « Insertion des jeunes sur le marché du travail- Contrat d'engagement jeunes (CEJ) » du programme 102 « Accès et retour à l'emploi ». 

Il convient de noter que la proposition de mouvement de crédits est uniquement formelle, afin de respecter les règles budgétaires. Notre intention n’est pas de ponctionner un programme et nous appelons donc le Gouvernement à lever le gage. 

Tel est l’objet du présent amendement, soutenu par la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS).