Direction de la séance |
Projet de loi Projet de loi de finances pour 2024 (1ère lecture) PREMIÈRE PARTIE (n° 127 , 128 , 132) |
N° I-1187 rect. 22 novembre 2023 |
AMENDEMENTprésenté par |
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M. JOMIER, Mme ROSSIGNOL, M. KANNER, Mme de LA GONTRIE, M. FÉRAUD, Mme LE HOUEROU, M. ROIRON et Mmes CANALÈS et NARASSIGUIN ARTICLE ADDITIONNEL APRÈS ARTICLE 11 |
Après l’article 11
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Le Gouvernement remet au Parlement, avant le 1er juin 2024, un rapport présentant l’opportunité économique, sanitaire et sociale globale d’établir un prix minimum par unité d’alcool aux boissons alcoolisées et de diminuer marginalement la fiscalité sur celles dont le prix hors taxes excède le prix minimum afin de préserver le secteur et les petits producteurs.
Objet
Cet amendement, inspiré par la législation écossaise, vise à demander un rapport permettant amorcer une réforme d’ensemble de la tarification et de la fiscalité des alcools en fixant un prix minimum par unité d’alcool aux boissons alcooliques et en abaissant la fiscalité sur les boissons dont le prix excède d’ores et déjà ce prix minimum.
Alors que l’OMS recommande depuis 2010 d’agir sur le prix afin de lutter contre les risques sanitaires liés à la consommation d’alcool, en France, huitième pays le plus consommateur d’alcool de l’OCDE, le prix des boissons alcooliques diminue relativement à celui des autres denrées alimentaires.
L’instauration en 2018 d’un prix minimum par unité d’alcool a permis à l’Écosse de diminuer significativement la consommation excessive d’alcool et la morbidité associée et ce sans effet néfaste sur les recettes du secteur. Dès 2020, était observée une réduction de 13,4% du nombre de décès directement liés à la consommation d’alcool. Pour autant, le prix minimum n’a pas eu d’effet notoire sur la consommation des personnes respectant les repères de consommation à moindre risques anglais - 14 verres par semaine.
Il s’agit donc d’une mesure qui cible particulièrement la réduction de la consommation de consommateurs les plus à risque. En France, 8% des adultes consomment la moitié de l’alcool vendu et 22% des français dépassent les seuils de consommation à moindre risque ; une telle mesure y est donc particulièrement pertinente.
Le consensus économique propose que le prix minimum d’une unité de 10 grammes d’alcool soit fixé à 50 centimes hors-inflation. Ainsi, une bouteille de vin titrant à 12° ne pourrait être vendue moins de 3,50€. Les alcools dont les prix de vente sont aujourd’hui supérieurs au prix minimum par unité d’alcool ne sont pas concernés. Pour le secteur, la compensation de la baisse en volume par l'augmentation des marges implique que les petits producteurs bénéficieront de cette mesure.
Aussi, afin de dégager des marges de manœuvre financières qui pourront faciliter l’adaptation des producteurs à une réforme globale sans conséquences notables sur le prix de vente, il paraîtrait pertinent d’abaisser marginalement le montant de celles-ci sur les boissons alcooliques non-concernées par le prix minimal
Au plan sanitaire, outre les bénéfices attendus en matière de réduction de la mortalité par cancers attribuable à l’alcool (22%), la mesure permettrait à horizon 2050 de réduire les dépenses de santé dans l’ensemble de 237 millions d’euros par an.
Si le prix minimum permet de préserver le secteur en comparaison d’une augmentation de la taxation, les taxes existantes demeurent nécessaires afin notamment de financer le coût de l’alcool pour la collectivité. Le supplément de taxe sur la valeur ajoutée perçu en raison de l’instauration du prix plancher pourrait opportunément être affecté au fonds de lutte contre les addictions. L’instauration d’un prix minimum ne dispensant pas, en effet, d’une politique offensive de prévention.
La détermination d’un prix minimal de l’alcool semble constituer, au regard de l’objectif de protection de la santé qu’elle poursuit, une limitation justifiée et proportionnée à la liberté de fixation des prix.